Interview de Mohamed Djehiche Le directeur du MAMA
Posté par alger-culture le November 14 2011 21:33:01
On souffre de manque cruel de cadres

Revue "diptyk". Page 16 - diptyk n°12 - oct/nov 2011.

Quatre ans après son ouverture, le musée d'art moderne et contemporain d'Alger est toujours à la recherhce de son public.

Quels sont vos chiffres de fréquentation ?
Mohamed Djehiche : Environ 6000 à 7000 visiteurs par mois. Comparé aux musées occidentaux,... ce résultat est très faible, mais il est néanmoins encourageant si l’on considère que l’art contemporain est marginal en Algérie. On sauve la mise grâce au festivals qui nous permettent d’attirer plus de monde, Comme le festival national de la photographie (la 2ème édition démarre le 25 septembre, ndlr)

De quel budget dispose le musée ?
Environ 600 000 euros par an. Tel quel, il est insuffisant. Mais le ministère de la culture nous accorde chaque année une aide financière conséquente pour l’organisation des festivals. C’est ce qui nous permet de maintenir un rythme de quatre exposition par saison, à raison de 200 000 à 400 000euros par manifestation

Des travaux sont prévus en 2012. Pour quels changements ?
La taille, d’abord. A sa réouverture en 2014, le musée possédera 10000 m2 de galerie contre 3000 m2 actuellement. Il y aura également un centre de documentation qui offrira une base de données sur les artistes algériens, ce qui facilitera le travail des chercheurs qui ne bénéficient aujourd’hui que d’informations parcellaires.

Vous êtes en train de constituer un fonds. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Actuellement, ce fonds comprend des œuvres de M’hamed Issiakhem, Mohamed Louaïl, Moussa Bourdine, Lazhar Hakkar et Rachid Djemai. Grâce aux donations, nous possédons aussi des œuvres du Français Bernard Rancillac, du Chilien Hermosilla Andres et du péruvien Sergio Silva Cajahuaringa. Nous avons également quelques photographies, un média considéré comme le parent pauvre de l’art en Algérie. Mon souhait, c’est que cette collection do nneà voir l’essentiel de la production algérienne, mais qu’elle soit aussi ouverte sur le monde.

Comment se porte le marché algérien de l’art contemporain ?
Il est inexistant. Les acheteurs privés sont rares et les galeries privilégient les œuvres inspirées de l’orientalisme ou de l’Ecole d’Alger. Cette situation est à l’image du système éducatif. A moins d’étudier aux Beaux-arts ou à Mostaganem, la seule université qui possède une filière d’arts plastiques, l’histoire de l’art n’est pas enseignée en Algérie. Entre l’œuvre et le public, il ya donc un grand vide que l’Etat cherche à combler en ouvrant davantage de musées. C’est une politique qu’il faut saluer, mais elle ne peut réussir que si le système éducatif s’y met aussi ?

Quelles conséquences cette situation a-t-elle sur le fonctionnement du musée ?
On souffre de manque cruel de cadres. En tant que directeur de musée, je suis obligé de m’occuper de tout, de la recherche des oeuvres à l’établissement des contrats d’assurance en passant par l’édition des catalogues et la gestion de budgets. Pour répondre aux besoins des musées, l’Etat a crée en 2009 l’agence algérienne pour le rayonnement de la culture, qui met l’accent sur la formation. Mais il faudra attendre des années avant qu’un personnel qualifié ne soit disponible sur le marché.