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| En l'absence d'une presse spécialisée |
La blogosphère parle culture
Par : Sarah Haider. AlgérieNews. 08.01.2013
Même si la presse électronique en est à ses premiers balbutiements en Algérie et est loin de constituer un canal d’information aussi puissant qu’en Occident, Internet n’en demeure pas moins un espace d’expression qui offre plus de liberté et de diversité aux auteurs.
Le domaine culturel est l’un des plus choyés par cette effervescence qui anime la Toile. Lorsque l’espace octroyé à la culture dans la presse traditionnelle s’avère insuffisant ou restrictif, c’est sur Internet que plusieurs journalistes fournissent une somme impressionnante d’informations, de commentaires ainsi que des données complémentaires sur des supports multimédia. Plusieurs magazines culturels ont été créés ces dernières années, spécialisés notamment dans le recensement d’activités et d’événements et l’information sélective liée à l’actualité, à l’exemple de « Bab Edd’art », « Kherdja.com », « Esprit bavard». Aussi, la blogosphère constitue un espace privilégié et révélateur d’une diversité d’opinions sur le fait culturel. Sur le plan sémantique, ce mode d’expression est souvent aux antipodes de celui véhiculé dans la presse traditionnelle. On y trouve plus de subjectivité et de liberté puisqu’aucune contrainte éditoriale ne vient entraver ou filtrer le jet d’informations choisies par l’auteur, plus de familiarité et d’échanges avec le lecteur.
Analyse vs Discours
Parmi ces espaces virtuels dédiés à la culture, citons en premier lieu le site « Alger-culture.com » connu pour la pertinence de ses analyses et les informations souvent inédites qu’il diffuse. Animé par l’expert en management culturel, M. Amar Kessab, il « traite de l’action culturelle algérienne, techniquement parlant. Il essaie de comprendre son fonctionnement, de définir les mécanismes qui la gèrent et de parler de son actualité. L’objectif est de faire un constat technique qui, nous l’espérons, aidera à trouver des éléments de réponses susceptibles d’émettre des suggestions favorisant la modernisation de l’action culturelle algérienne. Il se veut un médiateur entre les protagonistes de cette action : public, créateurs, établissements culturels », peut-on lire dans le texte de présentation. L’aspect technique est donc de rigueur puisque le blog publie régulièrement des données numériques et des diagrammes liés à la gestion du secteur culturel en Algérie. Récemment, « Alger-Culture » est revenue sur la question des musées qui se pose de plus en plus dans le débat actuel. Alors que la ministre de la Culture affirmait en septembre dernier que l’affluence sur ces espaces artistiques se porte très bien, appuyant son propos par des chiffres assez impressionnants en ce qui concerne le Musée d’art moderne et contemporain d’Alger (MAMA), le blog avance tout le contraire avec un graphique intitulé « L’échec de la démocratisation de l’accès aux musées en Algérie par les chiffres ». On y voit clairement une fluctuation assez significative du nombre de visites qui atteint un seul pic en vingt ans (près de 157 000 visiteurs en 2001) pour ensuite rechuter durant les années suivantes. Entre 1991 et 2009, la courbe bringuebale entre des hauts et des bas mais se stabilise finalement durant les dernières années sans pour autant donner un chiffre satisfaisant : en 2009, le nombre de visiteurs est quasiment le même que celui de 1991 ! Par ailleurs, le blog nous tient régulièrement au courant du budget du ministère de la Culture, souvent en le comparant à celui des pays voisins et en soulignant le paradoxe flagrant entre une aussi grande aisance financière et un appauvrissement croissant de la dynamique culturelle.
Contre-champs
Côté cinéma, deux blogs viennent de voir le jour, animés par deux journalistes de renom : le critique Samir Ardjoum et le chroniqueur Chawki Amari. Le premier, « (Dé)marche filmique » a été créé en décembre dernier par S. Ardjoum et se distingue par un décryptage à la fois sarcastique et pertinent de l’actualité du cinéma algérien. Né dans la « tourmente » du 6e Festival d’Oran du film arabe, ce blog propose des critiques de films, des commentaires avisés sur le mécanisme d’organisation des festivals dédiés au 7e art, des coup-de-cœurs et des coup-de-gueules ainsi que des interviews avec des cinéastes et acteurs. Le ton foncièrement subjectif des textes leur procure une fraicheur et une authenticité admirables, dont la valeur est rehaussée par un langage cinématographique pertinent et une maitrise indéniable des sujets traités. De son côté, Chawki Amari avec son blog « Ciné-doc Algérie » nous propose un florilège d’informations sur la production cinématographique actuelle, illustrées par plusieurs interviews-vidéo. Un reportage particulièrement savoureux a été réalisé au 6e FOFA, dans lequel des acteurs du domaine témoignent sur l’état des lieux du cinéma algérien, à l’instar de Lyès Salem (réalisateur de « Mascarades »), Kamel Daoud (chroniqueur au Quotidien d’Oran) ainsi que des festivaliers rencontrés à la sortie des salles. Deux interviews avec Yacine Bouaziz, producteur de Thala Prod, et l’acteur Salah Ougrout sont également visibles sur le blog. Par ailleurs, une rubrique intitulée « A l’affiche » rend compte des dernières productions algériennes. La blogosphère s’anime donc de plus bel et offre un champ d’expression et d’information alternatif diversifiant et enrichissant le paysage médiatique culturel.
Sarah H.
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